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DEMAIN, TOUS VÉGÉTARIENS ?

A moins de vivre sur Mars depuis 5 ans, vous n’avez pas pu passer à côté du méga boom veggie qui a envahi nos assiettes. Une bonne nouvelle pour la planète, pour la santé et pour les animaux. Phénomène de mode ou prise de conscience à large échelle? Décryptage.

Que ce soit pour défendre la cause animale, par convictions écologiques ou par soucis de santé, les Belges sont de plus en plus nombreux à opter pour l’alimentation végé. Depuis quelques années, la consommation de viande dans notre pays ne fait que diminuer. Selon une étude iVOX commanditée par l’Asbl EVA, 7% des consommateurs belges se disent végétariens et 9% flexitariens.

DE MARGINAL À TOUT À FAIT NORMAL

Depuis 5 ans environ, le végétarisme fait de plus en plus d’adeptes. Les livres de recettes, les restaurants spécialisés et les ateliers de cuisine se font leur place sur le marché du bien manger. Dans les années 70, être végétarien était considéré comme une idée hippie, alors qu’aujourd’hui c’est devenu la norme… Et si ce phénomène à grande échelle était le signe d’un véritable changement de société ? La population remet en question les modèles de consommation. La production de 1 kilo de viande de bœuf nécessite près de 15 000 litres d’eau et 7 kilos de céréales. Aussi, les vidéos virales pour dénoncer l’horreur de la maltraitance animale dans les élevages industriels ont laissé des traces. Enfin, de plus en plus de spécialistes vantent les bienfaits du régime végétarien sur l’organisme. Que ce soit par choix environnemental, éthique ou de santé (voire les trois), chacun.e a ses raisons d’abandonner la viande.

PRISE DE CONSCIENCE GLOBALE

Pauline Deglume, 30 ans est végétarienne depuis sept ans. « C’est à la suite d’une réflexion globale que je suis devenue végétarienne. Je me suis demandé si ma manière de consommer provenait de mes choix, de ma vision des choses ou si au contraire elle m’était imposée par les habitudes, par la société. Ce n’était pas simple de remettre en cause des principes hyper établis avec lesquels j’avais grandi. J’ai remis en question la frontière entre l’humain et l’animal, cette façon d’asservir d’autres espèces pour nos propres besoins. C’était bouleversant de me poser toutes ces questions. Dès lors, ce n’était plus possible de consommer de la même manière, ça a été un gros virage dans ma vie. » Au fil des années, Pauline a observé un réel changement de mentalité et d’habitudes alimentaires dans la société. « Aujourd’hui, ce n’est plus un stress de manger à l’extérieur, tandis que par le passé je devais vérifier le menu avant de me rendre quelque part. » Pauline est en bonne santé et n’a jamais eu de carences. « L’important, c’est de manger de manière diversifiée pour varier les bienfaits comme les poisons des aliments. Avant les gens se permettaient de juger, il y a quelques années, je n’avais pas le droit de dire j’étais fatiguée sans qu’on me fasse une remarque sur mon régime alimentaire. »

Pauline Deglume « C’est à la suite d’une réflexion globale, d’un gros déclic que je suis devenue végétarienne il y a 7 ans. » Crédits : photo personnelle

DANS LES RAYONS, ON SUIT LA TENDANCE

Dans le monde de l’agroalimentaire, de plus en plus de produits se posent en alternative à la viande. Chez Färm, la mise en avant des légumes et fruits locaux, bio et de saison a toujours été un parti pris. Dans les frigos, une grande gamme de produits permet d’innover et de créer des recettes originales. Et du côté du sec, le choix a toujours été vaste, les clients ne savent parfois pas où donner de la tête devant toutes ces petites merveilles. « On propose une grande diversité d’offres et de type de produits. Il y a beaucoup d’alternatives aux protéines animales. Pour faciliter la tâche aux consommateurs, on voit apparaitre sur le marché de plus en plus de légumineuses à la cuisson rapide pour une préparation plus aisée », explique Stéphanie Ledevin, coordinatrice achats pour Färm. Au rayon traiteur, la cuisine végé est, elle aussi, à l’honneur. Alice Codsi, responsable du rayon traiteur explique : « exclusivement végé, le traiteur nous sert de vitrine, c’est un bon moyen de donner envie aux clients de se cuisiner de bons petits plats avec légumes de saison. » Une super source d’inspiration donc à tester avec les produits en rayons.

CUISINE VEGGIE RIME AVEC FUNKY

Par manque de variété, la cuisine végétarienne du passé pouvait être considérée comme triste. Depuis, les recettes colorées et délicieuses ont envahi les assiettes. Carine de Backer est l’une des pionnières à Bruxelles, elle a lancé son Food Truck végé « Sin Street Food » il y a 10 ans déjà. « À l’époque dans les restos à part l’option tomates-mozza ou lasagne végé, il n’y avait rien. » C’est en assistant à une conférence de Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food que Carine a eu le déclic et a décidé de lancer son Food Truck végé à base de produits bio et locaux. « Je suis devenue végétarienne il y a quinze ans pour des raisons environnementales. Or, j’ai grandi dans un milieu à l’encontre de ce genre d’idées. Mon père travaillait pour une enseigne de la grande distribution. Dans ma famille la viande était le centre du repas. J’ai visité des abattoirs, des élevages, je voulais découvrir tout ce qu’il se passe derrière, d’un point de vue écologique mais aussi humain. J’ai opéré un changement radical dans ma vie.» Depuis, ses débuts, Carine attire une clientèle de curieux, désireux de gouter des produits de qualité et des préparations qui sortent de l’ordinaire. Si vous voulez découvrir ses délicieux burgers ou ses assiettes aux 1000 couleurs, rendez-vous le lundi place Van Meenen, le mardi place du Luxembourg, le mercredi place du Châtelain ou le dimanche à Flagey. Miam !

Les assiettes colorés de la cuisine végé. Crédits : Sin Street Food

QUID NIVEAU SANTÉ?

Selon plusieurs chercheurs, les avantages du végétarisme sur la santé seraient multiples : moins de problèmes d’obésité, moins de maladies cardiovasculaires, moins d’hypertension artérielle, moins de diabète de type 2, moins de cancers, moins de troubles intellectuels chez le sujet âgé. Nous sommes bien loin, des discours alarmistes des années passées. 

Alors, le végétarisme, est-ce vraiment une bonne idée d’un point de vue santé ? Nous avons demandé l’avis de la diététicienne-nutritionniste spécialiste en fertilité Geneviève Vanbellinghen. « Il n’y a pas de risques à être végétarien.ne, c’est même plutôt bien. Cependant, il faut faire attention aux apports en zinc, en fer et en vitamine B12, qui sont principalement d’origine animale. Les ressources vont différer d’une personne à l’autre, selon son type de régime végétarien (avec ou sans œufs, produits laitiers ou poisson). Aussi une personne végétarienne depuis des années ou une autre depuis seulement quelques mois n’auront pas les mêmes réserves. En cas de carences, le système immunitaire est affaibli et certains symptômes peuvent se faire sentir : fatigue, immunité déficiente, fonte musculaire, ongles mous, striés, cassants, cheveux qui ne poussent pas bien, … Les femmes enceintes et allaitantes doivent être particulièrement attentives et préventivement réfléchir leur alimentation. Pour les périodes de croissance (ados et enfants) également. »

Etre végétarien ne rime pas forcément avec sain. « Tout dépend de la manière dont la personne s’alimente. Un.e omnivore peut faire des erreurs alimentaires, un.e végétarien.ne aussi. Ce qui est important c’est de savoir ce que l’on mange exactement. Si le régime est bien équilibré, il n’y a en général peu ou pas de problème. Les mauvaises habitudes à éviter sont une répartition déséquilibrée des apports protéinés (par exemple manger toutes les protéines pendant un gros repas le soir), manger trop de glucides (amidon, sucre) ou trop de fibres et trop de cru, ce qui peut provoquer des ennuis digestifs comme des diarrhées et des ballonnements. Comme pour tout, il est important de quantifier les choses. »

La nutritionniste préconise un bilan de base dès le début du nouveau régime. « Il est important de commencer par connaître le terrain de fond. Devenir ou être végétarien doit se faire avec des conseils et un suivi nutritionnel adéquat. Supprimer les produits animaux doit être compensé de façon précise au quotidien. Un médecin peut faire un bilan général et une consultation avec une diététicienne permet de vérifier que les apports sont bien gérés. Il vaut mieux consulter à nouveau en cas de changements de vie (grossesse, déménagements dans un autre pays, stress émotionnel intense). Les enfants doivent être suivis de manière plus régulière et plus intense. Pour ce qui est des vegans c’est plus compliqué mais c’est un autre sujet à traiter à part. »

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