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CHANGER LE MONDE EN MANGEANT, ÇA VEUT DIRE QUOI EXACTEMENT ?

Nous avions prévu une conférence avec Alexis Descampe (co-fondateur et administrateur délégué de Färm) pour revenir avec vous sur les fondamentaux qui font le cœur de notre coopérative. La crise sanitaire étant passée par là, nous avons décidé de transformer cette conférence en un article.

Découvrez au fil de cette rencontre notre modèle de fonctionnement, nos valeurs, nos objectifs à long terme…
Vos questions sont les bienvenues, sur les réseaux sociaux, par e-mail… Bonne lecture !

Des personnes à l’esprit entrepreneurial fort et aux convictions personnelles très marquées, ce sont les traits communs des six co-fondateurs de Färm.  « Comme tout le monde, nous sommes confrontés aux problèmes de société. Comme tous les humains, nous sommes bouleversés par les changements climatiques, par l’effondrement de la biodiversité. Nous avons essayé de trouver des solutions à notre échelle. Nous nous sommes rencontrés à six autour de cette envie de changer le monde en mangeant », introduit Alexis.

C’est donc par un idéal que la grande aventure a commencé. Certes, depuis l’ouverture du premier magasin, le projet Färm a bien grandi, mais cette évolution vient renforcer les convictions… Depuis les client·e·s jusqu’aux producteurs et productrices, en passant par les collaborateurs et collaboratrices, chacun·e est investi·e dans des relations de coopération bénéfiques à toutes et tous. Pour ce faire, une série de mécanismes ont été mis en place, comme les Chartes, les Comités, la transparence, l’intelligence collective… On vous explique tout.

L'alternative à la grande distribution

La mission première de Färm est de donner envie au public de mieux consommer. « Pour toucher le plus grand nombre, il faut encourager les gens, les accompagner. On accueille la personne là où elle se trouve dans sa réflexion sur la consommation, selon son héritage culturel et son éducation », explique Alexis. “Une fois que quelqu’un a franchi le seuil d’un de nos points de vente, la mission de nos collègues sera ainsi non pas de vendre plus, mais de donner envie à tout un chacun de consommer mieux, pour soi et pour la planète”.

Les magasins Färm se positionnent en alternative de la grande distribution. « On considère qu’on se situe entre la grande distribution et les canaux de distribution plus alternatifs comme les GASAP, les achats en vente directe dans les fermes ou la production via son propre potager. » Cette position intermédiaire a comme objectif de permettre un plus grand impact en accompagnant les futurs clients.e.s. « Si les gens transitent par Färm pour aller ensuite vers des réseaux alternatifs, on a réussi notre mission. Aujourd’hui, 80% des consommateurs passent encore par la grande distribution », nous explique Alexis. 

Alexis Descampe, co-fondateur et administrateur délégué de la coopérative Färm

Les Chartes, la base des engagements

Färm a mis en place plusieurs chartes qui regroupent les valeurs de la coopérative. La Charte Produits est la première charte développée par Färm. Elle couvre tous les rayons et tous les produits présents en magasin. C’est le guide de référence qui précise ce qui est acceptable ou non en fonction de nos valeurs. Par exemple, il y est spécifié que ne sont acceptés que des produits 100% bio et aucun produit provenant de multinationales cotées en bourses. La Charte Commerciale et Filières, elle, place le cadre des collaborations avec les producteurs afin de faciliter et de renforcer durablement les partenariats. Quant à la Charte Gestion, elle assure la cohérence des engagements et des actions entreprises en termes de gestion et d’approvisionnement de services et biens divers. Et enfin, la Charte Sociale et de Gouvernance Participative, décrit les engagements pour favoriser le dialogue, la co-construction, l’équité, la culture de la pluralité et l’expression des savoir-faire personnels au sein des équipes. 

La coopération, le cœur de Färm

L’esprit coopératif est l’un des fondements de Färm. Tous les acteurs et actrices de la chaîne sont rassemblé·e·s autour d’une alimentation saine, biologique et durable. « C’est grâce à l’ensemble des parties prenantes qu’on arrive à cette mission de changer le paradigme de consommation », confie Alexis Descampe. Au niveau du fonctionnement, il y a une volonté de transparence et d’intégration de tous lors des prises de décisions que ce soit pendant les assemblées générales annuelles ou les conseils d’administration mensuels.

Chacun.e peut prendre part à la coopérative. Les coopérateurs et coopératrices sont invité·e·s à participer à l’assemblée générale qui se déroule au mois de juin (reportée cette année en raison de la crise sanitaire). 

Le conseil d’administration, lui, compte des représentants des investisseurs, mais aussi des employé·e·s, des producteurs et des client·e·s, qu’on appelle les co-färmers. Il est important de souligner que jusqu’à aujourd’hui, toutes les décisions prises par le CA l’ont été avec l’accord de tout le monde, signe d’un réel fonctionnement de ce mode de gouvernance. La gouvernance participative et les pratiques d’intelligence collective aident à favoriser le consentement et donc faire en sorte que l’ensemble des personnes qui prennent les décisions soient alignées et portent ainsi les décisions.

A noter que même si la catégorie A (les investisseurs) détient 91,9% des parts, en cas de vote, elle ne représente “que” 50%. En cas de désaccord, les minorités peuvent donc bloquer une décision qui ne serait par exemple souhaitée que par les investisseurs. 

Un réseau de magasins indépendants mais coopératifs

La coopération est aussi très présente sur le plan opérationnel. L’objectif de Färm est de développer des réseaux de points de vente autonomes (les magasins affiliés) mais qui partagent une mission commune à travers les valeurs inscrites dans les Chartes. 

Dans cet esprit de coopération, différents comités ont été mis en place. Le Comité Gérants permet le partage de connaissances et d’informations entre gérant·e·s de magasins.. Le Comité Rayons, a comme objectif général que les rayons de chaque magasin respectent les valeurs de Färm tout en étant efficaces commercialement. Enfin, le Comité Achats définit quels sont les produits avec lesquels on veut être partenaires à long terme. Ces comités sont composés de plusieurs Färmers travaillant dans différents magasins.

« Notre ambition est de développer un réseau solidaire et coopératif de magasins indépendants. Cette stratégie permet de se déployer plus rapidement, d’acquérir une autonomie plus forte. Nous croyons en la vertu de la croissance. Nous voulons être un acteur important, exister à côté de la grande distribution pour les titiller. Cinquante pourcents des parts de marché du bio sont aujourd’hui détenues par la grande distribution. C’est un véritable enjeu de challenger la grande distribution pour aller vers des pratiques plus vertueuses. »

La valeur des bons produits et surtout des bons producteurs !

Laurent Pedrotti, artisan boulanger Agribio

Les partenariats vertueux sont au centre des engagements. Pour aller plus loin dans le travail en direct avec les producteurs et productrices, Färm a favorisé deux filières 100% belges : Nu ! et Agribiofärm.

De manière collaborative et coopérative, tous les acteurs et actrices de la filière se sont réuni·e·s autour de la table et ont créé un cahier des charges commun. Pour Nu ! par exemple, la rémunération a été fixée collectivement avec les producteurs. Ils gagnent ainsi 22% en plus par rapport au prix d’achat du porc bio actuel par la grande distribution « classique » . Par contre, grâce à cette filière plus directe, le prix de vente aux consommateurs reste aligné aux prix du marché de la vente bio belge.

Dans la grande distribution, les producteurs sont souvent rémunérés bien plus tard que l’achat de leur marchandise. Les prix sont par ailleurs souvent bradés.

Chez Färm, personne ne se bat pour “le prix le plus bas”, mais bien pour proposer le prix le plus juste. Un prix juste qui permet de couvrir les coûts de production, de rémunérer dignement chaque intervenant·e de la production et de la distribution, de couvrir tous les coûts de fonctionnement, tout en engendrant un minimum d’effets négatifs pour le monde extérieur. « C’est important que les producteurs soient rémunérés de manière juste. Il faut informer les consommateurs la valeur des choses et pas seulement le prix. Le bio ça ne suffit pas, il faut que la production soit le plus locale possible, que la rémunération soit juste », clarifie l’administrateur délégué.

Voilà, ce sont tous ces enjeux-là qui se cachent derrière les portes des magasins Färm. Plus que jamais, la société est en train d’évoluer, et chez Färm, nous sommes convaincu·e·s que le « monde de demain » commence par une alimentation respectueuse de la nature mais aussi des droits humains. C’est ce qui nous pousse au quotidien à donner le meilleur de nous-même pour… changer le monde en mangeant !

Pour la suite de la démonstration, rendez-vous dans nos rayons… 😊

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